Texte audio retranscrit ci-dessous :
Arrêtons-nous quelques instants à l’ombre des charmes qui nous entourent et faisons un peu d’histoire. Bogard est un lieu-dit sur lequel furent bâtis successivement plusieurs manoirs. La plus ancienne trace historique retrouvée, qui fait mention d’un manoir à Bogard, remonte à 1274. C’était il y a 750 ans.
Le propriétaire de l’époque était un chevalier dénommé Alain Le Noir. On le sait grâce à une « charte », un document officiel qui indique que ce chevalier était propriétaire d’un manoir à « Bogard » et qu’il s’engageait à verser à l’abbaye Saint Mélaine de Rennes un certain nombre de dîmes. Les dîmes étaient au Moyen Age un impôt calculé sur les récoltes et qui devait être versé à l’Eglise. Ce document à caractère juridique est la plus ancienne trace historique qui atteste de l’existence d’une habitation sur ce lieu.
A l’époque, le fief de Bogard était rattaché à la cité de Moncontour, cité médiévale importante placée sous l’autorité du Duc de Penthièvre, lui-même vassal du Duc de Bretagne.
L’étymologie du nom de Bogard proviendrait par ailleurs de l’association des mots « bogue » d’origine gauloise qui désigne l’enveloppe de la châtaigne et « ardere » un verbe en latin qui veut dire « brûler ». Il devait donc y avoir à l’origine un bois de châtaigner qui fut rasé et brûlé pour créer une première habitation sur ce lieu.
Il est intéressant de savoir qu’au Moyen Age les noms attribués aux propriétés étaient désignés par des mots composés, dont un terme désignait une particularité du domaine et l’autre le mode de mise en culture. C’est pourquoi vous avez beaucoup de lieux qui s’appellent « les essarts », dérivant du verbe latin « essarter » qui veut dire « défricher ». D’autres lieux ont un nom qui se termine par « igny », parce que « ignis » en latin désigne le feu. Tous ces noms évoquent la période médiévale où l’on défrichait et brûlait pour pouvoir cultiver et enrichir les sols.
Pour protéger les différents manoirs qui furent édifiés sur la terre de Bogard, des terrasses furent érigées au Moyen Age tout autour du domaine afin d’en délimiter les pourtours et afin de se protéger des intrus indésirables. Les traces des terrasses médiévales existent toujours. Elles sont aujourd’hui bordées de charmes, qui permettent, comme vous le faites aujourd’hui, une promenade agréable, ombragée, tout autour des jardins du château de Bogard, suivant le tracé indiqué en pointillé rouge sur le plan des Jardins.
Bogard est par ailleurs un lieu dont la petite histoire, locale et familiale, croise à de multiples reprises la grande Histoire, celle de la Bretagne et de la France, et ce du Moyen Age à nos jours en passant par la Révolution Française. Il faut également savoir que les différents manoirs construits à Bogard et ensuite le château aménagé au 18ème siècle ont tous été transmis pendant 750 ans exclusivement par héritage ou par mariage. La seule fois de toute son histoire où la propriété fut vendue, ce fut en 1962, permettant à Monsieur et Madame CAPELLE, parents des propriétaires actuels, de devenir propriétaire du château. Hormis cette unique vente, ce domaine fut transmis pendant sept siècles exclusivement par héritage ou par mariage au sein de quatre grandes familles bretonnes : la famille de Bogar, la famille Le Métayer, la famille de La Noüe et la famille du Plessis de Grenédan.
Poursuivons notre visite jusqu’à la prochaine étape. Nous vous invitons à faire le grand tour des terrasses médiévales pour découvrir un joli point de vue en bout d’allée également les charmilles indiquées avec la lettre « i » sur le plan. Mais si vous préférez un chemin plus court, vous pouvez passer à l‘étape suivante en coupant à travers l’une des allées du Jardin qui se présente à vous…