Etape 5 : le damier et l’astrolabe

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En Franc-maçonnerie, le damier et l’astrolabe sont deux symboles très importants.

Le damier, autrement dénommé pavé mosaïque, est visible au centre des loges maçonniques. Il alterne les carrés noirs et les carrés blancs, symbolisant en premier lieu la dualité inhérente de la condition humaine, plongés que nous sommes entre le Bien et le Mal, la Vie et la Mort, la Lumière et les Ténèbres, la Joie et la Souffrance, l’Esprit et la Matière.

Mais l’opposition binaire n’est qu’apparente, car le damier symbolise également l’harmonie possible des contraires, la nécessité de l’équilibre et du discernement dans une quête spirituelle et morale. Cette alternance rappelle que l’être humain évolue dans un monde où les opposés ne s’annulent pas mais se complètent. Bien que fait d’oppositions, le damier est une invitation à la tolérance et à la compréhension des différences dans la recherche d’une unité supérieure.

Le damier symbolise enfin le parcours de la vie, fait d’épreuves, de doutes, mais aussi de lumières et de révélations. Il symbolise le jeu de la vie, l’échiquier de la vie sur lequel nous jouons tous. Il invite chacun à prendre conscience de ses zones d’ombre et de lumière pour progresser moralement. Il incarne l’idée que le chemin juste consiste à chercher l’équilibre, à reconnaître et à intégrer les contradictions de l’existence, comme un funambule sur le fil fragile de la vie.

Parlons maintenant de l’astrolabe. Pour comprendre le symbole de l’astrolabe, il faut se rappeler que la Franc-maçonnerie est un mouvement philosophique qui nait à la fin du 17^ème siècle en Ecosse et qui se développe en Europe et en Amérique tout au long du 18^ème siècle, autrement dénommé le Siècle des Lumières. Nous sommes à une période cruciale de l’histoire. Le pouvoir est encore majoritairement aux mains des monarchies absolues. L’église règne en maître sur les âmes. La liberté de conscience est quasi inexistante, punie sévèrement. Et pourtant, depuis plus de deux siècles, depuis la Renaissance et le Siècle des découvertes, l’Occident ne cesse de découvrir de nouveaux savoirs et de nouveaux territoires avec l’exploration de l’Amérique latine et les circumnavigations autour du monde, ne cesse de redécouvrir également les textes anciens des philosophes grecs et romains diffusés grâce à l’invention de l’imprimerie au 15^ème siècle.

La terre n’est plus au centre de l’univers comme on le croyait au Moyen Age. Elle est ronde et finie. Elle est à la fois infiniment grande à notre échelle humaine et infiniment petite à l’échelle de l’univers. Et comme Copernic l’affirmait au péril de sa vie au 16^ème siècle : ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la Terre mais la Terre qui tourne autour du soleil, révolutionnant la pensée cosmologique et religieuse. Un grand nombre de révélations scientifiques bouleversent ainsi la compréhension du monde, bouleversent la compréhension de l’être humain, la vision de sa place dans l’univers, bouleversent la façon de concevoir la vie, le rapport à soi, à Dieu, bouleversent le rapport social, le rapport à la religion et le rapport au pouvoir politique.

L’astrolabe symbolise ces nouvelles connaissances du monde qui créent de nouvelles perspectives philosophiques et politiques. L’instrument symbolise également cette quête incessante de la connaissance scientifique, pour mieux comprendre chaque jour les lois de l’univers et pour mieux se connaître soi-même.

Sachez encore que les axes Nord-Sud et Est-Ouest des jardins se croisent à l’emplacement du château, qui fut lui-même un lieu où se tenaient des tenues maçonniques au 18^ème siècle. Une bibliothèque au premier étage, au croisement des axes, servait de Loge et les salons du rez-de-jardin servaient d’espace pour se retrouver autour d’un repas partagé, autrement dénommé « les agapes ». Le château est ainsi le trait d’union entre tous ces symboles, leur centre névralgique.

Poursuivons maintenant notre visite jusqu’à la prochaine étape. N’hésitez pas entre-temps, si l’idée vous inspire, à faire une halte au « salon de thé »…