Texte audio retranscrit ci-dessous :
Plusieurs sculptures émaillent les Jardins de Bogard. Ici, vous trouvez une reproduction de la Baigneuse de Falconet, un sculpteur du 18ème siècle, l’un des favoris de Madame de Pompadour, mécène des arts sous Louis XV.
La sculpture représente une jeune femme assise sur un rocher, à demi nue, tenant un linge ou un drap qui couvre partiellement son corps. Elle a la tête légèrement inclinée. Son expression est douce, rêveuse. La sculpture exprime l’idéal de beauté féminine du 18ème siècle : élégance, grâce, pudeur mêlée de sensualité. Le corps est souple, doux, sans tension. La nudité est tempérée, non provocante, délicatement érotique, suggérant une nature à la fois innocente et sensuelle. La scène n’est pas mythologique ni religieuse : elle capte un instant intime, domestique, presque secret. C’est une vision humanisée de la femme, loin des déesses antiques idéalisées, avec une dimension poétique proche de l’univers galant. Falconet joue également sur les textures : la peau lisse, le linge souple, la pierre rugueuse. L’attitude de la Baigneuse est naturelle et fluide, ce qui était novateur à l’époque face à la rigueur classique des arts du siècle précédent.
La Baigneuse de Falconet peut être vue comme une célébration de la beauté féminine au naturel, une métaphore de la purification et du retour à la nature, un reflet des valeurs aristocratiques du 18ème siècle : l’art pour le plaisir, la sensualité dévoilée, la fuite de la lourdeur morale et politique.
Un peu plus loin, cachée sous le feuillage des arbres, vous découvrirez une autre statue de Baigneuse, celle de Rodin cette fois. Rodin est un sculpteur du 19ème siècle. Sa sculpture ne cherche pas à représenter la Baigneuse comme un objet de contemplation galante à la manière de Falconet, mais comme un être en mouvement intérieur. La posture est compacte, ramassée, repliée sur elle-même, symbolisant une méditation, une pudeur, un retrait du monde, une vulnérabilité, voire une souffrance intime. Nous ne sommes plus dans la légèreté naturelle du 18ème siècle mais dans les tourments romantiques de la fin du 19ème siècle.
Autre secret des lieux : les jardins étaient au 18ème siècle semés d’acacias, une essence d’arbre hautement symbolique pour les Francs-maçons. Car l’acacia, imputrescible, est un symbole d’éternité. L’acacia est également le signe de reconnaissance des Maîtres Maçons, car il représente la victoire de l’esprit sur la matière, l’immortalité de l’âme qui vit en nous.
Poursuivons notre visite jusqu’à la prochaine étape…